Au sortir de près de cent ans de guerres civiles politiques et religieuses, l’Angleterre avait besoin d’en panser les plaies, de réunifier le corps social, de rassembler ce qui était épars, à l’instar de ce qu’avait permis la Royal Society pour les sciences et les arts, en évitant les « sujets qui fâchent » : la politique et la religion.
À leur niveau, les promoteurs de la Franc-Maçonnerie vont s’inscrire dans le même schéma, en bâtissant leur projet à partir du modèle des anciennes Loges de Maçons dont certaines survivaient encore en ayant accepté des personnalités extérieures au Métier.
Il faudra plusieurs années pour que naisse vraiment la Franc-Maçonnerie moderne.
Juin 1717 : réunies pour fêter la Saint Jean d’Été quatre Loges londoniennes élisent un Grand Maître. À partir de cette soirée, va progressivement se structurer une Grande Loge, la première de l’histoire, la Grande Loge de Londres et de Westminster qui, au fil des ans, deviendra en 1813 la Grande Loge Unie d’Angleterre.
1723 : un groupe de Frères éminents, dont le Pasteur James Anderson, après avoir étudié les anciennes Chartes de Loge, soumet à la Grande Loge un projet de Constitutions, qui est adopté et publié. Pour rassembler le plus largement possible, les références catholiques des Anciens Devoirs sont gommées, mais la nécessité de croire en un Dieu sous l’appellation de Grand Architecte de l’Univers est naturellement affirmée : s’il comprend bien l’Art, un Maçon, par sa tenure, ne sera ni un stupide athée, ni un libertin irréligieux. De même est affirmé le nécessaire respect envers les autorités civiles.
1725-1730 : le 12 mai 1725, Fr. Charles Cotton recevait le degré de Maître Maçon, première mention officielle de ce degré qui devait se généraliser progressivement. Ce troisième degré – celui de Maître – parachève la mutation de la Franc-Maçonnerie en une société initiatique à l’image de celles des temps antiques. Par-là, il est possible de dire qu'il est le premier des « hauts grades ».